La crise du Covid-19 a montré à quel point nos vies pouvaient être bouleversées par un simple événement mondial. Il faut espérer que les conséquences de la pandémie sur nos économies nous convaincront de la nécessité de prendre plus au sérieux les autres menaces et d’agir tant qu’il est encore temps. Une série d’événements majeurs liés au changement climatique pourrait même affecter encore plus fortement nos économies et nos sociétés.

L’Accord de Paris issu de la COP21 en décembre 2015 visant à limiter le réchauffement climatique à moins de deux degrés Celsius par rapport à l’ère préindustrielle nécessite une levée de capitaux d’une ampleur inédite pour financer la transition vers des sources d’énergie renouvelable et à plus faible teneur en carbone ainsi que des projets visant à atténuer les effets du changement climatique. Selon les estimations, entre 5 000 et 7 000 milliards de dollars seront nécessaires. Ce niveau d’investissement ne peut être soutenu par le seul secteur public et nécessitera également une mobilisation importante de fonds privés. Pour ce faire, de nouveaux produits financiers devront être développés.

Le Luxembourg est à la manoeuvre des efforts visant à faire passer le niveau total des fonds en investiss-ements durables de plusieurs milliards à plusieurs milliers de milliards de dollars ou d’euros.

Verdir la finance

Bien qu’elle ne représente qu’une petite partie du marché global des services financiers, la croissance des produits financiers verts a été remarquable. Les tendances du marché montrent qu’il ne s’agit pas d’un effet de mode : la transition vers des activités durables du point de vue de l’environnement et l’intégration de valeurs d’investissement ESG de manière plus générale devraient se poursuivre et s’intensifier, sous l’effet d’un changement de génération et de la demande des clients institutionnels. Plusieurs études ont également montré que les entreprises ayant des stratégies ESG claires avaient été plus résilientes lors de la crise du Covid. Les entreprises qui s’engagent à atteindre les objectifs ESG affichent par ailleurs de meilleures performances financières. La clarté de la vision et de la gouvernance qui sous-tend une telle stratégie ESG s’avère sans doute payante, comme dans le cas des entreprises présentant une plus grande diversité.

Un contrôle réglementaire accru contribuera également à accélérer cette tendance.

Ces dernières années, les volumes d’obligations vertes ont connu une croissance à deux chiffres. L’émission mondiale d’obligations visant à lever des capitaux pour des projets liés au climat est passée de 85 milliards de dollars en 2016 à 170 milliards de dollars en 2018, pour atteindre un record de 258 milliards de dollars en 2019.

258
milliards de dollars

L’émission mondiale d’obligations visant à lever des capitaux pour des projets liés au climat a atteint  
258 milliards de dollars en 2019.

La crise du Covid a temporairement axé l’attention sur le financement à court terme, mais à plus long terme, elle devrait souligner l’importance de la finance durable en général et de la finance verte en particulier.

 

50%

Luxembourg cote aujourd’hui environ 50% des obligations vertes de la planète du point de vue des volumes

1er

Luxembourg abrite la
bourse verte au monde.

L’expertise acquise par sa plateforme de cotation dédiée lancée en 2016, le Luxembourg Green Exchange (LGX), lui a valu la confiance de précurseurs comme la BEI et la Banque mondiale ainsi que de grandes entreprises émettrices.

La crédibilité de ses critères d’entrée et de ses procédures de cotation lui ont conféré une solide réputation dans le secteur de la finance verte, la Commission européenne elle-même sollicitant l’avis du LGX au sujet de son plan d’action sur la finance durable ainsi que sur la législation qui le met en oeuvre.

En réalité, le Luxembourg est à l’avant-garde de la poussée de la finance verte depuis plusieurs années dans d’autres secteurs, environ 35 % des actifs investis par les fonds d’investissement européens dans des projets liés aux énergies renouvelables étant gérés par l’intermédiaire de fonds d’investissement luxembourgeois.



LuxFLAG, une agence de labellisation des fonds créée il y a plus de 12 ans, accorde des labels à des véhicules d’investissement dans des stratégies ESG, environnementales et liées au climat, dans la microfinance et dans les obligations vertes. Elle a labellisé plus de 200 produits, pour un montant de 102,2 milliards d’euros, dans 7 juridictions, avec des promoteurs de plus de 15 pays.



Dans les années à venir, le Luxembourg va fortement promouvoir l’agenda vert dans son secteur des services financiers. Le gouvernement a fait de cet objectif l’une des priorités de son accord de coalition. Dans le cadre d’une feuille de route nationale pour une finance durable, le gouvernement a mis en place une initiative nationale de finance durable afin de coordonner les activités et d’élaborer une stratégie visant à renforcer le rôle du Luxembourg en tant que plateforme internationale de finance durable. Celle-ci prendra plusieurs formes, à l’image d’incitations pour les services financiers liés au climat et de l’élaboration de cadres pour les nouveaux produits financiers verts dans les domaines de la banque, de la gestion d’actifs et de l’assurance. Cela sera notamment le cas dans le secteur de la vente au détail afin d’intégrer davantage les produits d’une finance durable. Un accent supplémentaire sera mis sur l’éducation des investisseurs en matière de finance durable, sur la recherche universitaire et sur la formation professionnelle au sein des services financiers. Un nouveau cadre juridique pour les obligations vertes sécurisées illustre également la manière dont le Luxembourg développe sa gamme de produits dans ce secteur, dans le but de contribuer à la mobilisation de capitaux pour des projets durables.

L’UE est parvenue à un accord politique sur un règlement relatif à la taxonomie (système de classification) en décembre 2019 afin de proposer des critères de sélection techniques pour les activités économiques en mesure d’apporter une contribution majeure à l’atténuation du changement climatique.

Ce règlement constitue pour le Luxembourg une opportunité d’innover dans le domaine de la labellisation des produits financiers, l’objectif étant d’augmenter sa part de marché dans le secteur des fonds verts et pour le climat. La législation, approuvée par le Parlement européen en juin 2020, apportera de la clarté aux entreprises et aux investisseurs et encouragera une augmentation du financement du secteur privé pour la transition vers la neutralité climatique, ce qui constitue un volet important du plan de relance européen post-Covid-19.

Placer l'investissement responsable
dans un contexte plus large

Le financement durable englobe bien plus que la finance verte et soutient les 17 Objectifs de développement durable fixés par les Nations Unies. La crise liée au Covid-19 a déjà mis en évidence le « S » de la stratégie ESG. L’accès aux soins, le bien-être des salariés et même le logement et l’éducation sont devenus des domaines prioritaires pour l’investissement. L’émission d’obligations à vocation sociale, tant au niveau des chiffres que des volumes, a déjà augmenté significativement depuis le début de la crise.

61%

des actifs des fonds de microfinance dans le monde
sont détenus dans des fonds d’investissement luxembourgeois.

Le Luxembourg a toujours utilisé son rôle de place financière internationale pour promouvoir le développement d’une finance responsable et a compté parmi les premiers promoteurs de la microfinance. C’est dans ce domaine que l’agence de labellisation LuxFLAG a concentré son travail lors de sa création en 2006.

Aujourd’hui, 61 % des actifs des fonds de microfinance dans le monde sont détenus dans des fonds d’investissement luxembourgeois. Le pays abrite également un vaste écosystème d’experts en finance inclusive. Plus récemment, plusieurs start-up FinTech se sont développées dans le domaine de la finance inclusive, notamment dans le secteur des paiements, du microcrédit et de l’assurance inclusive pour les petits exploitants agricoles des pays en développement.

La Luxembourg House of Financial Technology (LHoFT) accueille un camp d’entraînement dédié pour soutenir les entreprises Fintech travaillant dans le domaine de la finance inclusive (Catapult Africa).

Le Luxembourg a été l’un des premiers promoteurs de la finance éthique et de la finance islamique, à savoir une levée de capitaux conforme à la charia et pouvant être considérée comme une forme d’investissement socialement responsable. En 2014, le gouvernement luxembourgeois a émis le premier sukuk souverain libellé en euros. En 2002, la Bourse de Luxembourg a été la première à coter un sukuk en dehors du monde musulman et reste aujourd’hui encore un lieu de cotation majeur de sukuk. Le Luxembourg se classe au cinquième rang des actifs sous gestion dans des fonds d’investissement conformes à la charia, derrière l’Arabie saoudite, la Malaisie, l’Indonésie et le Pakistan. Il s’agit du premier domicile non musulman pour les fonds d’investissement conformes à la charia.



À l’avenir, nous étudierons les possibilités de synergies entre l’appétit croissant pour les produits financiers verts et durables et l’expertise acquise dans le monde de la finance islamique.



Connecter les marchés dans le domaine de la finance durable

S’appuyant sur sa fonction de lien entre les investisseurs et les marchés mondiaux, le Luxembourg s’implique de plus en plus dans la mise en relation des marchés dans le domaine de la finance durable en étant à l’origine d’innovations majeures en matière de finance durable.

En 2018, par exemple, la Bourse de Luxembourg a lancé « Green Bond Connect » avec son homologue de Shanghai. L’entreprise fournit des informations en anglais relatives aux produits verts cotés sur les marchés financiers chinois. En créant la transparence nécessaire, Connect contribue à instaurer de la confiance parmi les investisseurs internationaux qui cherchent à se diversifier sur le marché chinois des investissements verts.

Le Luxembourg est également un fier membre fondateur et compte parmi les principaux donateurs du réseau de places financières pour la durabilité (FC4S) des Nations Unies et soutient activement son travail. Il est essentiel que toutes les places financières appréhendent ce domaine non pas d’un point de vue concurrentiel, mais comme un travail coopératif de partage des connaissances qui aurait pour but d’orienter le secteur financier vers une plus grande durabilité.

Déclaration d'ambitions:

D’ici 2025, les investissements dans le secteur de la finance durable représenteront non plus des milliards de dollars comme aujourd’hui, mais bien des milliers de milliards de dollars. Le Luxembourg y contribuera en :

  • augmentant
    la part des investissements durables au sein du marché global des services financiers
  • s’appuyant
    sur la taxonomie de l’UE pour développer de nouveaux cadres régissant les produits financiers durables, notamment ceux destinés aux clients de détail, et en favorisant ces produits
  • developer davantage
    le Luxembourg en tant que centre dédié à l’investissement responsable et du financement mixte
  • mettant en place
    des programmes dédiés de formation à la finance durable
  • associant
    la technologie financière à la finance durable
  • aidant
    d’autres  centres financiers à mettre en oeuvre des efforts et des cadres en matière de durabilité

Lire les chapitres suivants:

  • Au coeur de l’Europe

    Continuer à développer le rôle de Luxembourg en tant que pole d’excellence transfrontalier et de centre majeur de l’UE

    En savoir plus
  • Complémentarité avec les autres places de l’UE

    Approfondir le rôle du Luxembourg en tant que destination de choix pour la finance internationale.

    En savoir plus
  • A la pointe de la durabilité

    Etre à la manoeuvre des efforts visant à faire passer le niveau total des fonds en investissements durables de plusieurs milliards à plusieurs milliers de milliards de dollars ou d’euros.

    En savoir plus
  • Encourager l’innovation

    S'appuyer sur l'expertise du Luxembourg en matière d’innovation liée aux produits et aux technologies.

    En savoir plus
  • Gouvernance responsable

    Construire sur des principes durables en matière de fiscalité et de réglementation.

    En savoir plus
  • Encourager la dimension humaine

    Soutenir la poursuite du développement de son industrie financière.

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